Déclaration du Site RedMed
Tahrir, Syntagma, indignados, Gezi… Nuit Debout
Encore une fois les masses debout!
La lutte contre la Loi Travail fait tourner la tête de toute l’ Europe et, au-delà, du monde entier vers la France. Les grèves générales et les manifestations successives partout dans la France, même de très petites villes, bien que n’ayant pas atteint leur but de forcer le gouvernement à abandonner ce projet de loi, ont donné un nouveau élan à la lutte de classes dans le pays. Latentative de Vals-Hollande d’ ignorer même le Parlement pour passer la loi réactionnaire par décret présidentiel (le soi-disant 49.3) montre leur mépris du peuple et leurs méthodes autoritaires au service du capital. La participation massive des étudiant(e)s et des lycéen(ne)s au mouvement a contribué qualitativement à la lutte en faisant de la jeunesse un allié de la classe ouvrière. Enfin, l’ émergence du mouvement Nuit Debout dès la nuit du 31 mars, son étendue à plusieurs villes, et sa persévérance depuis un mois et demi déjà ont donné à la lutte contre la Loi Travail un caractère qui va bien au-delà du domaine purement syndical et économique, en débordant vers des questions idéologiques, politiques et sociales générales. Encore une fois, suivant une tradition vénérable qui étend de la Commune jusqu’ à 1968, Paris et la France entière accueillent le printemps debout!
Signification internationale
La signification de ce mouvement social d’ ensemble, grèves générales et manifs, mobilisation de la jeunesse et Nuit Debout, va bien au-delà d’une portée nationale pour la France. Le mouvement Nuit Debout est, sans doute, héritier des mouvements analogues qu’ on a vus en Espagne (los indignados) et en Grèce (place Syntagma) en 2011 et en Turquie (Gezi) en 2013. Mais tous ces mouvements eux-mêmes sont tributaires des révolutions tunisienne et égyptienne, en 2011, tout particulièrement le mouvement de masse à la place Tahrir au Caire, où presque tous les vendredis proche d’ un million se rassemblait pour poser les revendications des masses pour l’ approfondissement de la révolution. Cette parenté n’est pas fortuite: elle montre que le potentiel des luttes gigantesques qui se sont déchaînées dans le bassin méditerranéen entre 2011 et 2013 en réponse aux retombées de la crise économique profonde du capitalisme mondial débuté en 2008 ne s’ est pas épuisé! Malgré la dictature bonapartiste qu’ a établie al Sisi an Egypte, malgré le bras fort d’ Erdogan en Turquie, malgré la souffrance continue du peuple grec même sous le gouvernement soi-disant de gauche, tous les développements qui ont, même si temporairement, été bloqué à partir de la fin 2013, n’ ont pas bloqué la vague internationale de révolte de 2011-2013.
Sans aucun doute, au-delà de leurs racines dans la lutte contre les conséquences de l’ exploitation capitaliste, aiguisées en temps de crise, tous ces mouvements ont chacun son caractère spécifique. Le mouvement Nuit Debout, cependant, tient un avantage parce que il s’ insère dans, et même doit sa naissance à, un mouvement fort et généralisé de lutte de classe prolétaire. Cela pourrait créer les conditions pour ce mouvement d’ éviter les erreurs des autres mouvements (indignados, Syntagma, Gezi), qui, en réaction contre les partis politiques réformistes et syndicats bureaucratisés, se sont abstenus de s’ organiser, même sur les bases infiniment démocratiques des conseils que de mouvements de masses d’ une telle ampleur ont su se donner dans le passé.
Appel des internationalistes
Camarades promoteurs et promotrices de Nuit Debout! Méfiez-vous du discours hostile au concept d’organisation ou même d’auto-organisation! Nous nous basons sur notre expérience vécue: l’expérience de Syntagma en Grèce et de Gezi en Turquie nous a montrée, si besoin il y en avait, que si les mouvements spontanés des masses exploitée et opprimées sont d’ une valeur inestimable, le refus de tels mouvement de s’organiser est un danger mortel pour la survie du mouvement. Créons ensemble de comités et conseils de base et établissons une coordination entre les différent comités et conseils!
Camarades promoteurs et promotrices de Nuit Debout! Méfiez-vous du discours hostile aux syndicats et aux partis tous azimuts! Il y a syndicat et syndicat, parti et parti! Parce que le parti soi-disant socialiste de François Hollande a clairement trahi, comme d’ abord depuis des décennies, les intérêts des travailleurs et travailleuses pour servir le grand finance capital ou parce que d’ autres à gauche ont agi en tant que ses béquilles, cela ne veut pas dire que tout parti de gauche est inutile. Ces mêmes gens qui vous prêchent un renouveau total et le refus intransigeant du marxisme dans toutes ses formes sont les mêmes qui, une fois dans le pouvoir vous trahiront! Nous nous basons sur notre expérience vécue: regardez la Grèce, où Syriza a déjà trahi le peuple appauvri du pays et regardez l’ Espagne où Podemos s’ apprête à faire la même chose.
Il y a un marxisme révolutionnaire qui reconnaît l’importance de toute forme d’ oppression mais préconise une grande alliance autour de la classe ouvrière pour mettre fin à cet esclavage salarié qui aide à reproduire toute autre oppression, discrimination, humiliation et refus. Il y a un marxisme qui se repose sur des structures démocratiques internes dans le fonctionnement du parti révolutionnaire, qui ne se réconciliera jamais, comme les autres, avec un système oppressif et exploiteur.
Les grandes luttes sont devant nous
Tout montre que les vraies luttes nous attendent. Malgré la capitulation totale de Tsipras l’ été dernier, la faillite économique de la Grèce est toujours à l’ ordre du jour et, étant donné la forte volonté de battre dont dispose le peuple grec, tout montre qu’ un été chaud nous attend. L’ Éspagne est ingouvernable et une nouvelle vague de luttes est nécessaire pour un issu. La Turquie, où, on l’oublie trop souvent au profit des mésaventures d’ Erdogan, trois mouvements de masse (Gezi en 2013, la révolte pro-Kobani dans le Kurdistan Turc en 2014 et la grève sauvage des dizaines de milliers de métallose en 2015) ont successivement secoué le pays dans un espace de trois ans, est un poudrier prêt à exploser. L’ Italie, cette exception remarquable, attend son tour et quand les ouvriers et la jeunesse italiens entrera dans la bataille, ses traditions donneront à ces luttes une toute autre dimension.
Tous cela dans un contexte de montée des mouvements réactionnaires ou bien fascistes de toute espèce (Ukraine, Grèce, Hongrie, Autriche, Allemagne, Grande-Bretagne, Danemark, Turquie, Philippines, Inde, États-Unis, Russie et bien sur la France, mais aussi les mouvements takfiris et sectaires dans le monde musulman, comme l’État islamique en Irak et au Levant, al Nusra etc.). Alors on ne peut pas payer le luxe de prendre des positions seulement critique et de réagir à ce qui existe. Il nous faut urgemment nous organiser!
Le problème semble à première abord de se poser au niveau national pour chaque peuple. Mais on ne peut le résoudre qu’ au niveau international. Dans un ensemble comme l’ Union Européenne, où le sort de tous les peuples s’est imbriqué de manière irréversible, les exploité(e)s et les opprimé(e)s ont besoin d’un programme et d’une lutte à l’échelle du continent.
A bas la Loi Travail!
Vals-Hollande dégage!
Pour un gouvernement des travailleurs, pour le pouvoir ouvrier!
Vive la lutte de classes!
Vive l’ alliance de la classe ouvrière et tous les opprimé(e)s!
Pour des partis au niveau national et une Internationale révolutionnaires!
Pour les États-Unis Socialistes d’ Europe!
Pour une Fédération Socialiste du Moyen Orient et du Maghreb!
11 mai 2016